
Software Composition Analysis : sécuriser vos applications contre les vulnérabilités des dépendances
14 avr. 2025
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AppSec
Aujourd’hui, le développement logiciel repose sur des composants open source et des librairies tierces. C’est un gain de temps considérable pour les développeurs, mais cela représente également une menace majeure pour la cybersécurité. Une seule dépendance vulnérable peut exposer toute une application à des attaques.
C’est ici qu’intervient le Software Composition Analysis (SCA). Cette technologie permet de détecter les vulnérabilités et de s’assurer que les dépendances sont utilisées en accord avec leur licence. Elle vérifie également la conformité aux politiques d’entreprise sur l’usage des composants externes.
Selon une étude de Xygeni, 84 % des applications contiennent au moins une vulnérabilité connue liée à une dépendance. Ce chiffre a augmenté de 4 % par rapport aux années précédentes (Endor Labs, 2023).
Dans cet article, nous allons voir pourquoi le SCA est devenu un outil incontournable en cybersécurité, comment il fonctionne et quels sont les meilleurs dispositifs pour protéger vos applications.
Pourquoi le Software Composition Analysis est essentiel à la cybersécurité ?
La plupart des applications modernes s’appuient sur des composants open source et des bibliothèques tierces. C’est un choix logique car ces éléments permettent de gagner du temps et d’accélérer le développement, mais il comporte également des risques : les vulnérabilités embarquées par les dépendances.
Les dépendances, un risque invisible
Lorsqu’une entreprise utilise une dépendance, elle intègre non seulement ses fonctionnalités, mais aussi ses éventuelles failles de sécurité. Sans une surveillance active, une bibliothèque compromise peut rester en place pendant des mois, voire des années, avant qu’un attaquant ne finisse par exploiter une faille de sécurité.
Quelques exemples marquants :
Spring4Shell (2022) : Une faille avec un CVSS 3 (score de la vulnérabilité) de 9.8 sur 10 permettant de l’exécution de code à distance
Log4Shell (2021) : une faille critique dans la bibliothèque Log4j a exposé des millions d’applications à des attaques à distance.
Heartbleed (2014) : une vulnérabilité dans OpenSSL permettait aux attaquants de lire des portions de mémoire et d’extraire des informations sensibles telles que des clés privées, compromettant ainsi la sécurité des communications chiffrées.
Equifax (2017) : l’exploitation d’une vulnérabilité connue d’Apache Struts a conduit au détournement des informations personnelles de 145 millions de citoyens américains.
Un défi lié à la conformité et à la gestion des risques
Lorsqu’on parle de sécurité des dépendances open source, il ne s’agit pas seulement d’identifier des failles de sécurité. Il y a aussi des enjeux juridiques liés aux licences utilisées. Certaines licences, dites “contaminantes”, peuvent imposer des contraintes lourdes aux entreprises. Par exemple, une licence comme la GPL peut exiger qu’un projet intégrant un composant sous cette licence rende son propre code source public. Un risque majeur pour des développements propriétaires, d’autant qu’il existe des dizaines de types de licences (plus de 80)D’où l’importance d’un suivi rigoureux des licences avec un outil SCA.
Autre point clé, la différence entre une faille dans une dépendance et une faille dans un code développé en interne. Lorsqu’un développeur fait une erreur dans son propre code, seuls quelques experts peuvent potentiellement l’exploiter. En revanche, une vulnérabilité dans une dépendance open source est bien plus préoccupante : en général, elle est rapidement documentée et des scripts d’exploitation sont mis en libre accès. En résumé, n’importe qui même sans compétences techniques avancées peut tenter de l’exploiter..
Enfin, il faut aussi prendre en compte l’évolution des pratiques de développement. Autrefois, les applications monolithiques utilisaient peu de bibliothèques tierces. Aujourd’hui, avec l’essor des architectures modernes (microservices, API, frameworks front-end/back-end), les projets intègrent des dizaines, voire des centaines de dépendances. Plus il y en a, plus le risque d’introduire une faille est élevé. C’est une réalité statistique incontournable.
C’est pour cela qu’une gestion proactive des dépendances, avec un outil SCA adapté, est devenue indispensable pour sécuriser les applications modernes.
Comment fonctionne une solution SCA ?
Le SCA offre aux entreprises une perspective transparente sur les composants open source et tiers intégrés dans leurs applications. Son but ? Identifier les failles, prévenir les problèmes de conformité et garantir la sécurité des logiciels dès la phase de développement. Voyons comment une solution SCA fonctionne concrètement :
Analyse et cartographie des dépendances
Avant de sécuriser quoi que ce soit, il est essentiel d’identifier précisément les dépendances utilisées dans un projet. Les solutions SCA s’appuient sur différentes méthodes pour détecter les dépendances et leurs versions :
Analyse des fichiers du gestionnaire des paquets : en explorant les fichiers de configuration comme pom.xml (Maven), composer.json (PHP Composer) ou package.json (NPM), un SCA peut lister directement les dépendances et leurs versions. Cette méthode est efficace si l’application utilise un gestionnaire de paquets (PHP Composer, NPM, NuGet pour .NET).
Empreintes des fichiers sources : le SCA peut analyser les fichiers présents dans le code source et comparer leurs empreintes avec une base de données pour identifier les dépendances, même en l’absence de gestionnaire de paquets.
Exploitation d’un SBOM (Software Bill Of Materials) : si un SBOM a déjà été généré pour l’application, il peut être utilisé comme référence pour inventorier les composants logiciels.
Cette cartographie est essentielle, car de nombreuses entreprises ignorent précisément quels composants sont intégrés à leurs logiciels. De plus, un projet peut comporter des dépendances transitives, c’est-à-dire des bibliothèques utilisées indirectement via d’autres dépendances. Un SCA permet ainsi de mieux visualiser ces relations et d’anticiper d’éventuels risques de sécurité.
📌Point informatif : une dépendance transitive est une bibliothèque qu’un projet utilise indirectement via une autre dépendance. Par exemple, si une application utilise le module A, et que ce module A repose sur le module B, alors B devient une dépendance transitive de l’application. Ce phénomène peut compliquer la gestion des mises à jour et la sécurité des projets.
Détection des vulnérabilités connues
Une fois la cartographie réalisée, l’outil SCA compare les dépendances trouvées avec des bases de données de vulnérabilités comme :
La NVD (National Vulnerability Database) est une base de données gouvernementale américaine qui enrichit les CVEs avec des informations détaillées, telles que les scores CVSS, les solutions de remédiation et les références associées.
GitHub Advisory Database est une plateforme qui recense les failles découvertes dans des projets open source. À la différence de la NVD, les vulnérabilités dans cette base sont préfixées par 'GHSA-' au lieu de 'CVE-'.
Cela dans l’optique de lister les vulnérabilités, dont parmi les plus connues, les CVE
La CVE (Common Vulnerabilities and Exposures) correspond à une vulnérabilité documentée et identifiée par un numéro unique sous la forme CVE-AAAA-NNNNN, où AAAA représente l’année de découverte et NNNNN un numéro séquentiel.
De plus, certains éditeurs de solutions SCA, comme Sonatype, disposent de leurs propres équipes de R&D qui mènent des recherches sur les vulnérabilités des composants open source et mettent régulièrement à jour leurs bases de données.
Le mode bulletin 💡 : si une bibliothèque comme Lodash est intégrée à un projet, une solution SCA en mode bulletin va créer un inventaire des composants utilisés lors de l’analyse. Dès qu’une nouvelle faille de sécurité est découverte sur un package de cet inventaire, les développeurs sont immédiatement alertés par des notifications (par mail, messagerie instantanée, etc.), leur suggérant une version corrigée.
Évaluation des licences et gestion des risques juridiques
Toutes les dépendances open source ne sont pas libres d’utilisation sans conditions. Une solution SCA analyse les licences des composants pour vérifier leur légalité d’utilisation et identifier d’éventuelles restrictions.
En scannant les licences des dépendances, un SCA permet de détecter celles qui présentent des risques juridiques pour l’entreprise. Certaines licences, comme la GPL, imposent par exemple la mise à disposition du code source, ce qui peut être problématique pour des projets commerciaux. Pour limiter ces risques, les entreprises peuvent mettre en place des politiques de vérification afin d’être alertées sur l’utilisation de certaines licences jugées incompatibles avec leurs exigences internes.
Cas concret 💡: une entreprise développe une application SaaS et découvre qu’une bibliothèque utilisée impose de publier son code source. Grâce au SCA, elle peut identifier ce problème et remplacer la bibliothèque avant la mise en production.
Automatisation et intégration dans les pipelines DevSecOps
Un outil de Software Composition Analysis est bien plus efficace lorsqu’il est intégré dès le début du développement. Il fonctionne main dans la main avec des outils DevOps comme GitHub ou Azure DevOps, ce qui permet d’automatiser l’analyse des dépendances à chaque mise à jour du code.
Concrètement, dès qu’un développeur ajoute une nouvelle dépendance ou met à jour une bibliothèque, le SCA analyse automatiquement les changements, détecte d’éventuelles vulnérabilités et vérifie la conformité aux règles de sécurité et de licence. En s’intégrant directement aux pipelines CI/CD, il facilite l’adoption d’une approche DevSecOps, limitant ainsi les risques liés aux composants tiers.
Le saviez-vous💡: Malgré leur ancienneté et bien que la pratique ne soit pas très répandue chez les développeurs utilisant cette technologie, les langages C & C++ disposent d’une solution de gestion de paquets, il s’agit de Conan (https://conan.io/).
Correction et remédiation des vulnérabilités
Une fois les failles identifiées, une solution SCA ne se contente pas de les signaler, elle propose aussi des actions correctives telles que :
La mise à jour vers une version sécurisée de la bibliothèque concernée.
Le remplacement du composant et une alternative plus sûre.
🔴 Remarque : on ne corrige jamais directement une vulnérabilité dans une dépendance, car cela compliquerait les futures mises à jour. À la place, on fabrique “un chemin de mise à jour” permettant soit de migrer vers une version non vulnérable, soit de remplacer la dépendance par une autre solution plus sécurisée.
Les meilleures solutions proposent à la fois des chemins de mise à jour vers la version la plus proche (“bugfix” ou mineure) et celle la plus récente (parfois plusieurs majeures après la version utilisée dans les développements) ce qui facilite l’analyse des changements et du risque de régression fonctionnelle.
Les meilleurs outils SCA sur le marché
Il existe plusieurs solutions SCA adaptées aux besoins des entreprises :
Sonatype Lifecycle est une solution complète qui met l’accent sur la gestion des composants et la conformité réglementaire. Elle est largement utilisée dans nos work packages.
Black Duck propose une gestion avancée des risques open source ainsi qu’un suivi détaillé des dépendances.
OWASP Dependency-Check est un outil open source permettant d’identifier les dépendances vulnérables en s’appuyant sur plusieurs bases de données de vulnérabilités.
Le choix d’un outil dépend des besoins spécifiques de l’entreprise, du niveau d’automatisation recherché et de l’intégration avec les processus DevSecOps existants.
Conclusion
Le Software Composition Analysis est devenu un élément clé de la cybersécurité moderne. Avec l’essor des composants open source dans le développement logiciel, il est essentiel d’adopter une approche proactive pour identifier et corriger les vulnérabilités avant qu’elles ne soient exploitées par des attaquants.
Choisir une dépendance peut être complexe pour un développeur, que ce soit lors d’un premier import ou d’une mise à jour après la découverte d’une faille de sécurité. Pour les accompagner, Amiltone propose des formations dédiées à la sélection des dépendances et à la gestion des mises à jour. Amiltone organise également des ateliers interactifs, les “ShiftLeftLabs”, où les développeurs peuvent s’entraîner à ces processus essentiels.
L’avenir du SCA pourrait inclure l’intelligence artificielle et le machine learning pour détecter encore plus rapidement les menaces, mais ce sujet sera abordé dans un prochain article !
En résumé rapide on peut dire qu’en intégrant une solution SCA dans leur pipeline DevOps, les entreprises peuvent ainsi renforcer leur sécurité, garantir leur conformité et éviter des incidents coûteux.
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