La sécurité des API : un enjeu clé de l’application security

7 août 2025

|

8

min de lecture

AppSec

Dans un monde de plus en plus connecté, les API (interfaces de programmation applicative) sont devenues les piliers de l’échange de données entre services.

Qu’il s’agisse d’afficher la météo sur une application mobile ou de synchroniser des paiements entre plateformes, les API sont omniprésentes. 

Mais cette importance fait aussi d’elles des cibles privilégiées pour les cyberattaques. Selon une étude, en 2024, les attaques ciblant les API ont augmenté de 20 % en un an et touchent environ une entreprise sur cinq chaque semaine. Ce chiffre illustre à quel point leur sécurisation est devenue un enjeu majeur, tant pour les développeurs que pour les entreprises. 

Dans cet article, nous verrons ensemble pourquoi les API sont vulnérables, quelles sont les menaces principales, et comment renforcer leur sécurité grâce à des bonnes pratiques, des standards et des outils adaptés 🙃.  

Comprendre les API et leurs vulnérabilités 

Qu’est-ce qu’une API ? 

Une API, ou interface de programmation d’application, est un ensemble de règles et de protocoles qui permet à différentes applications ou services de communiquer entre eux. Elle sert d'intermédiaire pour échanger des données ou des fonctionnalités sans que les systèmes aient besoin de connaître les détails internes de chacun.  

💡Exemple : Prenons une application mobile de météo. Lorsque l’utilisateur consulte la météo de sa ville, l’application envoie une requête à une API météo (par exemple : “GET/weather?city+Lyon ?”). L’API répond alors avec des données météorologiques au format JSON, que l’application affiche à l’utilisateur. Ainsi, l’application mobile n’a pas besoin de connaître la base de données météo, elle interroge simplement l’API, qui fait le lien entre la demande et la ressource. 

Pourquoi les API sont vulnérables ? 

Les API sont particulièrement exposées pour plusieurs raisons 🤔 : 

  1. Chaque endpoint d’une API est une porte d’accès potentielle pour un attaquant, plus il y a d’endpoints, plus la surface d’attaque est importante. 

  2. Les API échangent souvent des données aux formats bruts (JSON, XML), sans interface graphique pour masquer les échanges. Cela facilite donc la détection et l’exploitation de failles par les attaquants. 

  3. Les API sont conçues pour être utilisées par d’autres applications ou scripts, ce qui les rend vulnérables aux attaques automatisées (exemple : scraping, brute force). 

  4. Les mécanismes d’authentification et d’autorisation (OAuth 2.0, JWT) sont parfois mal configurés, et peuvent ouvrir la voie à des failles critiques. 

  5. L’utilisation d’API externes ou l’exposition de ses propres API à des partenaires multiplie les risques de mauvaise gestion des accès ou de dépendance à des services moins sécurisés.  

Des exemples concrets de failles  

Voici quelques failles courantes, illustrées par des cas réels 👇🏼: 

Vulnérabilité 

Impact 

Exemple réel 

BOLA 

(Broken object level authorization) 

Accès non autorisé à des données (exemple : modification d’un ID dans l’URL)

Fuite de 60 millions de données utilisateurs chez un géant de la logistique en 2023. 

Authentification faible 

Vol de jetons d’accès via des endpoints non sécurisés 

Piratage d’une API de santé en 2022 (1,2 M de dossiers ont été exposés). 

Lack of rate limiting 

Absence de limitation du nombre de requêtes, permettant des attaques par déni de service (DDoS)

Attaque DDoS sur une API de paiement en 2022 qui a paralysé 15 000 commerces en ligne.  

Mass assignment 

Modification de champs sensibles via injection de paramètres 

Altération de prix sur une API e-commerce. 

Server side request forgery (SSRF)

Utilisation d’une API pour envoyer des requêtes malveillantes vers des serveurs internes. 

Exploitation d’un endpoint API pour accéder à des données internes sensibles (cas OWASP AP17) 

Focus sur l’OWASP API Security Top 10 

L’OWASP (Open web application security project) publie régulièrement un classement des 10 principales failles de sécurité des API. Cette liste de références permet de mieux comprendre les types de vulnérabilités les plus courantes :  

Évolutions clés de l'édition 2023 

La version 2023 a introduit des changements significatifs par rapport à 2019. 

Nouveauté 2023

Explication 

API3:2023 - Broken object property level authorization (BOPLA) 

Fusion de “Excessive data exposure” et “Mass assignment”. 

Cible l’accès non contrôlé aux priorités d’un objet (exemple : modification d’un champ “isadmin”). 

API6:2023 - Unrestricted access to sensitive business flows 

Nouveau risque lié à l’automatisation abusive des flux métiers (exemple : achat de billets en masse pour revendre à prix fort). 

API10:2023 - Unsafe consumption of APIs

Met l’accent sur les risques liés à l'intégration d’une API tierce mal sécurisée (exemple : fuite de données via un fournisseur externe).

Les 5 vulnérabilités les plus critiques 🔴 : 

  1. API1:2023 - Broken object level authorization (BOLA) 

  • Impact : permet à un attaquant d’accéder ou de modifier des données sensibles en manipulant des identifiants (exemple : modification d’un ID dans l’URL). 

  • Pourquoi c’est courant ? Les contrôles d’autorisation au niveau des objets sont souvent mal implémentés, exposant 40 % des API à ce type d’attaque. (source : Salt Security)

  1. API2:2023 - Broken authentication 

  • Impact : usurpation d’identité via des jetons volés ou des mécanismes d’authentification mal configurés, compromettant l’accès aux systèmes critiques.

  • Pourquoi c’est courant ? Les protocoles comme OAuth 2.0 ou JWT sont complexes à configurer, et l’absence de MFA aggrave les risques. 

  1. API4:2023 - Unrestricted resource consumption 

  • Impact : surcharge des serveurs via des requêtes massives, entraînant des coûts cloud explosifs ou un déni de service. 

  • Pourquoi c’est courant ? Beaucoup d’API ne mettent pas en place de “Rate limiting” ou de contrôle des quotas, laissant la porte ouverte aux abus. 

  1. API7:2023 - Server side request forgery (SSRF) 

  • Impact : exploite une API pour envoyer des requêtes malveillantes vers des serveurs internes, exposant des données sensibles. 

  • Pourquoi c’est courant ? Les entrées utilisateur ne sont souvent pas validées correctement, notamment pour les URLs externes. 

  1. API9:2023 - Improper inventory management 

  • Impact : les endpoints obsolètes ou non documentés deviennent des portes dérobées pour les attaquants, exposant des fonctionnalités vulnérables. 

  • Pourquoi c’est courant ? La prolifération rapide des API rend difficile leur gestion complète, avec 30 % d’API souvent ignorées par les entreprises. 

Pourquoi suivre ce référentiel ?

  • Priorisation : 94 % des incidents graves sur API concernent les 5 premiers risques du top 10. 

  • Conformité : les frameworks RGPD ou PCI DSS s’appuient sur ces standards pour les audits. 

  • Outillage : des solutions comme OWASP ZAP ou Akto intègrent des tests automatisés pour ces vulnérabilités. 

Bonnes pratiques pour sécuriser une API

Sécuriser une API est un processus global qui commence dès la conception et s’étend tout au long du cycle de vie. Voici les principales approches pour protéger vos API contre les menaces modernes. 

Mettre en place une authentification et une autorisation solides 

Adoptez des protocoles comme OAuth 2.0 ou OpenID Connect pour garantir que seuls les utilisateurs ou applications autorisés accèdent à l’API. 

Après l’identification, appliquez le principe du moindre privilège : chaque utilisateur ne doit accéder qu’aux données et fonctions qui lui sont strictement nécessaires.

Chiffrer toutes les communications  

Assurez-vous que toutes les interactions entre clients et API transitent par HTTPS (TLS), afin d'empêcher l’interception de données sensibles (identifiants, tokens, informations personnelles). Pour les données particulièrement critiques, chiffrez également les informations stockées en base de données.   

Limiter le nombre de requêtes (rate limiting) 

Implémentez des mécanismes de limitation du nombre de requêtes ou par adresse IP pour prévenir les abus (force brute, DoS). Par exemple, limitez à 100 requêtes par minute et appliquez des quotas ou des jetons pour contrôler l’accès. 

Journaliser et surveiller l’activité 

Enregistrez systématiquement les appels API, en particulier les tentatives échouées ou suspectes. Une surveillance active, avec des outils comme ELK Stack, Datadog ou Splunk, permet de détecter rapidement les comportements anormaux et de réagir en cas d’incident. 

Valider et filtrer toutes les données en entrée 

Contrôlez rigoureusement les données reçues par l’API : vérifiez le type, la taille et le format de chaque champ, et refusez toute donnée inattendue. Cette étape est cruciale pour se défendre contre les injections SQL, le XSS ou la modification non autorisée de champs.

Utiliser des tokens d’authentification 

Les tokens JWT (JSON Web Token) sont très utilisés : assurez-vous qu’ils ne transitent jamais dans l’URL, qu’ils ont une durée de vie limitée et qu’ils sont correctement signés pour éviter toute falsification ou réutilisation malveillante.

Versionner l’API et désactiver les versions obsolètes 

Adoptez un versionnage clair (V1, V2, etc.) et renseignez l’accès aux anciennes versions, souvent porteuses de failles non corrigées. Cela permet de contrôler l’évolution de la sécurité et de forcer les utilisateurs à migrer vers des versions plus sûres. 

Renforcer la sécurité des endpoints critiques 

Pour les opérations sensibles (suppression de compte, transferts de fonds…), ajoutez des contrôles supplémentaires : demande de confirmation, mot de passe temporaire, captcha ou double authentification. 

Maîtriser les messages d’erreur

Ne donnez jamais d’informations techniques détaillées dans les messages d’erreur renvoyés par l’API. Un retour trop précis peut aider un attaquant à comprendre la structure interne du système. 

En appliquant ces bonnes pratiques, vous réduisez considérablement la surface d’attaque de vos API et limitez les risques d’incidents majeurs. 

Tester la sécurité des API

Tester la sécurité des API est une étape essentielle pour garantir leur résilience face aux menaces. 

Pourquoi tester les API ? 

Les API sont souvent responsables de la transmission de données sensibles (mots de passe, informations personnelles, transactions financières). Une faille dans leur sécurité peut entraîner des conséquences graves comme par exemple, fuite de données, interruptions de service, pertes financières ou encore atteintes à la réputation. 

Tester les API permet d’identifier les vulnérabilités avant qu’elles ne soient exploitées par des attaquants. Cela inclut des failles comme l’authentification faible, l’exposition excessive de données ou l’absence de limitations sur les requêtes (rate limiting). De plus, ces tests garantissent la conformité aux normes de sécurité OWASP API Security top 10 et réduisent les coûts liés à la correction tardive des problèmes. 

Méthodes de test : SAST & DAST 

Deux approches complémentaires sont utilisées pour tester la sécurité des API : 

SAST (Static application security testing) 

Le SAST analyse le code source ou les binaires pour détecter des vulnérabilités directement dans les composants d’API avant même son exécution. Cette méthode est idéale pour identifier des erreurs de codage qui pourraient compromettre la sécurité, comme une mauvaise implémentation des mécanismes d’authentification et d’autorisation. 

  • Avantages : détection précoce des failles dans le cycle de développement. 

  • Limites : ne permet pas d’évaluer les comportements dynamiques ou les interactions en production. 

DAST (Dynamic application security testing) 

Le DAST teste une API en conditions réelles en simulant des attaques sur un système actif. Cette approche permet d’évaluer la robustesse des mécanismes d’authentification, de validation des entrées et de gestion des erreurs. 

  • Avantages : identifie les vulnérabilités exploitables en production (exemple : injection SQL ou XSS). 

  • Limites : ne fournit pas d'informations sur le code source sous-jacent. 

Ces deux méthodes doivent être combinées pour une couverture optimale, si vous voulez en savoir davantage, n’hésitez pas à lire notre article déjà publié dans notre glossaire 🙃

Les outils clés pour tester vos API 

Voici quelques outils incontournables pour tester efficacement la sécurité des API : 

  • Burp Suite simule des attaques et analyse les réponses d’une API. 

  • Postman crée et exécute des requêtes complexes sur les endpoints API tout en vérifiant leur comportement. 

  • OWASP ZAP est un scanner open source qui automatise la recherche de vulnérabilités courantes dans les API REST ou SOAP. 

  • JMeter teste la charge et simule un grand nombre de requêtes pour évaluer la résistance aux attaques DDoS. 

Tests automatisés vs tests manuels 

Les tests de sécurité des API peuvent être réalisés de manière manuelle ou automatisée, et chacune de ces approches a ses avantages spécifiques 🔎 : 

Tests manuels  

Les tests manuels permettent d'identifier les vulnérabilités complexes qui ne sont pas toujours détectées par les outils automatisés. Ces tests sont particulièrement utiles pour analyser la logique métier d’une API, c’est-à-dire les règles spécifiques qui régissent son fonctionnement. 

Par exemple, un test manuel peut identifier une faille dans un processus d’autorisation où un utilisateur malveillant pourrait accéder à des données sensibles en contournant des restrictions spécifiques. 

Cependant, cette approche demande du temps et une expertise avancée. Les analystes doivent comprendre l’architecture de l’API, les scénarios d’utilisation et les interactions avec d’autres systèmes pour simuler des attaques pertinentes. 

Tests automatisés 

Les tests automatisés quant à eux, permettent d’évaluer rapidement la sécurité d’une API sur un large périmètre. Grâce à des outils comme OWASP ZAP, Burp Suite ou Postman, il est possible de configurer des scénarios de tests qui s'exécutent automatiquement après chaque mise à jour du code ou déploiement dans un pipeline CI/CD. 

Par exemple, un test automatisé peut vérifier qu’aucun endpoint de l’API ne divulgue des données sensibles en réponse à une requête non authentifiée.

Les tests automatisés offrent ainsi un feedback continu et rapide sur la qualité sécuritaire du code, ils facilitent la correction des failles avant qu’elles n’atteignent la production. Ils sont particulièrement adaptés aux cycles de développement agiles et à l’intégration continue, mais doivent être complétés par des tests manuels pour couvrir les scénarios complexes ou spécifiques à la logique métier.      

Intégration du pipeline CI/CD

L’intégration des tests de sécurité dans un pipeline DevOps (ou DevSecOps) est aujourd’hui incontournable pour anticiper les risques dès les premières étapes du développement. Pour garantir une sécurité continue, il est recommandé d’intégrer les tests de sécurité API dans le pipeline CI/CD. Cela permet de : 

  • Détecter les vulnérabilités dès les premières phases du développement. 

  • Automatiser l’exécution des tests à chaque commit ou déploiement.

  • Réduire le temps de correction des failles et limiter les risques de mise en production d’API vulnérables. 

Cette démarche s’inscrit dans le principe du “shift left”, qui consiste à anticiper la sécurité dès la conception et non en fin de projet. 

Surveillance et gestion des incidents 

La sécurité des API ne s'arrête pas aux tests. Une surveillance continue est indispensable pour détecter les tentatives d’attaque, les comportements anormaux ou les fuites de données. Il est conseillé de : 

  • Mettre en place des logs détaillés sur les accès et les erreurs des API.  

  • Utiliser des solutions de monitoring et d’alerte pour réagir rapidement en cas d’incidents. 

  • Procéder à des revues régulières des journaux pour identifier des schémas d'attaque émergents. 

Formation et sensibilisation des équipes 

Enfin, la meilleure technologie ne remplace pas la vigilance humaine. Il est essentiel de former les équipes de développement, d’intégration et d’exploitation aux bonnes pratiques de sécurité API. Cela inclut : 

  • La connaissance des vulnérabilités courantes (OWASP API Security top 10).  

  • L’utilisation correcte des mécanismes d'authentification et d’autorisation. 

  • La gestion rigoureuse des secrets et des clés d’API. 

Conclusion 

La sécurité des API est un enjeu majeur et transversal pour toute entreprise numérique. Face à l’évolution rapide des menaces, il est crucial d’adopter une démarche globale : conception sécurisée, bonnes pratiques de développement, tests réguliers, automatisation dans le CI/CD, surveillance et formation continues. 

En appliquant ces principes, vous renforcez la résilience de vos applications et protégez efficacement les données de vos utilisateurs. 

N’hésitez pas à consulter notre glossaire pour approfondir certains points ou découvrir des solutions adaptées à votre contexte ! 😁

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