
Clickjacking : comprendre et prévenir cette menace insidieuse
07 Aug 2025
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AppSec
Le clickjacking, aussi connu sous le nom de détournement de clic, est une cyberattaque discrète mais redoutable.
Son objectif ? Tromper l’utilisateur en lui faisant réaliser une action non désirée en masquant les véritables intentions derrière une interface apparemment légitime.
Ce phénomène peut paraître anodin, mais il représente une menace sérieuse pour les entreprises et les professionnels, pouvant entraîner des conséquences financières et de sécurité majeures 🕵🏽.
Qu’est-ce que le clickjacking ?
Le clickjacking, contraction de click hijacking (détournement de clic), est une méthode d’attaque informatique visant à manipuler les interactions des utilisateurs avec une interface web. En superposant des éléments invisibles ou transparents sur une interface légitime, l'attaquant redirige les actions des utilisateurs à leur insu.
💡Cette technique peut affecter tout le monde, des particuliers aux grandes entreprises, en exploitant des comportements instinctifs comme cliquer sur un bouton ou un lien.
Un exemple pour comprendre
Imaginons que vous visitiez un site web légitime. Vous cliquez sur un bouton “Télécharger” ou “Accepter”. Ce que vous ignorez, c’est qu’un élément invisible (souvent une iframe malveillante) a été placé sur cette interface.
🎯Résultat : au lieu de réaliser l’action que vous aviez en tête, vous validez un paiement frauduleux, partagez vos données personnelles, ou activez une fonctionnalité indésirable, comme la géolocalisation.
Variantes du clickjacking
Le clickjacking ne se limite pas à la simple superposition d’éléments invisibles… Plusieurs variantes existent, chacune exploitant des mécanismes spécifiques pour tromper l’utilisateur. Voici les principales 👇🏼 :
Clickjacking visuel : c’est la forme classique que nous avons décrite plus haut ; une iframe transparente ou un élément invisible est superposé à une interface légitime. L’utilisateur croit cliquer sur un bouton sûr, mais en réalité, il interagit avec un contenu malveillant.
Likejacking : particulièrement répandu sur les réseaux sociaux, le likejacking manipule l’utilisateur pour qu’il “aime” ou partage involontairement un contenu malveillant. Par exemple, un internaute clique sur un bouton “J’aime” apparemment inoffensif, mais en réalité ce clic active la promotion d’un lien frauduleux, ce qui permet à l’attaquant d’étendre la diffusion de son contenu malveillant.
Cursorjacking : un peu moins connu, le cursorjacking modifie la position apparente du curseur de l’écran. Ainsi, lorsque l’utilisateur pense cliquer sur un élément précis, le clic est en réalité décalé et affecte une autre zone, souvent invisible et malveillante. Cette technique nécessite une manipulation fine du CSS et du JavaScript.
Filejacking : cette variante exploite les interfaces de gestion de fichiers des navigateurs, notamment sur Chrome. Elle incite l’utilisateur à envoyer des fichiers personnels ou sensibles à son insu, via une manipulation invisible d’éléments de téléchargement ou d’envoi.
Exemple réel de clickjacking
L'attaque Twitter de 2010
En 2010, Twitter a subi une attaque de clickjacking qui a fait beaucoup de bruit. Un lien malveillant intégrant du JavaScript a été massivement diffusé. Lorsque les utilisateurs survolaient ce lien avec leur souris, un retweet automatique se déclenchait, propageant rapidement l’attaque à leurs followers.
Likejacking sur Facebook
À la fin des années 2000, plusieurs campagnes de likejacking ont ciblé Facebook. Les utilisateurs étaient invités à cliquer sur des vidéos ou contenus attrayants, mais leurs clics activaient en réalité des likes sur des pages frauduleuses, contribuant à la diffusion massive de spams et de logiciels malveillants.
Les caractéristiques du clickjacking
Invisibilité des éléments malveillants
Les attaquants superposent des iframes invisibles sur des boutons ou liens légitimes grâce à des styles CSS. Cette invisibilité rend l’attaque indétectable pour l’utilisateur qui clique sans savoir qu’il interagit avec un élément frauduleux.
Exploitation des comportements humains
Le clickjacking cible des actions instinctives et quotidiennes des utilisateurs : cliquer sur un bouton, fermer une fenêtre, ou remplir un formulaire. Cette exploitation de gestes anodins rend l’attaque particulièrement efficace.
Simplicité de mise en œuvre
Contrairement à d’autres attaques nécessitant des compétences techniques élevées, le clickjacking repose sur des outils simples comme l’insertion d’une iframe et la modification de styles CSS.
Absence de notification auprès de l’utilisateur
À la différence des attaques comme le phishing, le clickjacking ne repose pas sur des messages ou des alertes. L’utilisateur n’a aucun signal d'avertissement.
Personnalisation des cibles
Les attaquants peuvent adapter leurs attaques pour viser des actions sensibles, comme des paiements, des connexions ou des partages de données confidentielles.
Les impacts du clickjacking sur les entreprises
Le clickjacking n’est pas seulement une menace pour les particuliers : ses conséquences peuvent être particulièrement graves pour les entreprises.
Voici un aperçu des impacts principaux 👇🏼:
Perte financière
Les attaques de clickjacking peuvent engendrer des pertes financières importantes. Par exemple, en superposant un élément malveillant sur un bouton de confirmation de paiement, un attaquant peut détourner des fonds ou effectuer des transactions frauduleuses.
Pour une entreprise, ces détournements affectent directement la trésorerie et nécessitent souvent des enquêtes longues et coûteuses.
Atteinte à la réputation
Lorsqu’une entreprise est victime d’un clickjacking, ses clients ou partenaires peuvent perdre confiance en la sécurité de ses plateformes. Une telle atteinte à la réputation peut entraîner une baisse de la fidélité des clients et nuire à l’image de marque, ce qui a des répercussions sur le chiffre d’affaires à long terme.
Vol de données sensibles
Dans certains cas, le clickjacking vise à collecter des informations confidentielles, comme des identifiants, des mots de passe ou des données personnelles. Ces fuites de données peuvent exposer une entreprise à des sanctions réglementaires, notamment en vertu du RGPD (règlement général sur la protection des données), et entraîner des poursuites judiciaires de la part des victimes.
Interruption des activités
Une attaque de clickjacking peut aussi perturber les opérations quotidiennes de l’entreprise. Par exemple, des utilisateurs trompés par une interface malveillante peuvent involontairement activer des scripts nuisibles, entraînant des problèmes techniques, voire des arrêts temporaires de services en ligne. Ces interruptions peuvent nuire à la productivité et engendrer des coûts supplémentaires pour rétablir la situation.
Complexité de la détection et de la prévention
Contrairement à d’autres cyberattaques plus visibles, le clickjacking est souvent difficile à détecter. Les entreprises doivent donc investir dans des outils de surveillance et des audits réguliers pour identifier les vulnérabilités potentielles. Sans une vigilance constante, le clickjacking peut passer inaperçu pendant longtemps, augmentant l’impact de l’attaque.
Comment se protéger contre le clickjacking ?
Les bases pour réduire les risques
Quelques gestes simples permettent de limiter l’exposition, les voici :
Mises à jour régulières : maintenir à jour vos navigateurs et systèmes pour bénéficier des correctifs de sécurité.
Sensibilisation des équipes : former vos collaborateurs à repérer les comportements suspects et éviter les clics sur des sites non vérifiés.
Cependant, ces pratiques ne suffisent pas pour contrer une menace aussi sophistiquée.
L’importance de l’expertise professionnelle
La lutte contre le clickjacking nécessite :
Une configuration avancée : utiliser des outils comme les en-têtes HTTP “X-Frame-Options” ou “Content-Security-Policy“ demande des compétences spécifiques.
Une veille technologique constante : les cyberattaques évoluent rapidement, rendant nécessaire un suivi régulier pour adapter vos défenses.
Faire appel à des experts en cybersécurité garantit une protection sur mesure, tout en préservant l’expérience utilisateur.
Nos conseils de prévention
Si la lutte contre le clickjacking repose en grande partie sur des mécanismes techniques côté serveur, les utilisateurs finaux ont aussi un rôle à jouer pour limiter leur exposition aux risques. Alors, voici quelques bonnes pratiques à adopter, que ce soit en entreprise ou dans un cadre perso :
Utiliser un navigateur à jour : les navigateurs modernes intègrent des mécanismes de sécurité pour bloquer les iframes suspectes ou interdire certaines actions automatisées. Il est donc essentiel de maintenir son navigateur à jour, ainsi que le système d’exploitation.
Installer des extensions de protection : certaines extensions de navigateur permettent de bloquer automatiquement les contenus potentiellement dangereux, y compris les iframes invisibles utilisées pour du clickjacking.
Parmi les plus efficaces :
uBlock Origin : bloque les scripts et contenus externes malveillants.
NoScript : empêche l’exécution de scripts non autorisés (réservé aux utilisateurs avancés).
Clickjacking Defense : extensions spécialisées dans la détection de superpositions frauduleuses.
Rester attentif à l’interface : bien que souvent invisible, un clickjacking peut parfois être deviné via des indices visuels.
💡 Exemples :
Clics qui semblent ne pas déclencher l’action prévue.
Comportements anormaux de la page (scroll bloqué, clic sans réponse).
Présence d’une iframe visible ou mal ajustée (détection via clic droit → “Inspecter”).
Ne jamais valider une action sans vérifier l’URL : avant de cliquer sur un bouton “Valider”, “Payer” ou “Accepter”, survoler le lien (hover) pour vérifier l’adresse affichée. Si l’URL semble suspecte ou ne correspond pas au site, éviter l’action.
Former les utilisateurs en entreprise : la meilleure défense reste la sensibilisation des collaborateurs. Un utilisateur informé :
Hésite avant de cliquer n’importe où.
Reconnaît les signes d’une interface anormale.
Alerte les équipes IT en cas de doute.
Des modules de formation simples, des vidéos ou des guides internes peuvent suffire à élever significativement le niveau de vigilance.
Le saviez-vous ?
👉De nombreuses attaques de clickjacking réussissent non pas grâce à une faille technique, mais à un comportement humain non sensibilisé. La sécurité passe aussi par la pédagogie.
Conclusion
Le clickjacking est une menace invisible mais redoutable, aux conséquences potentiellement désastreuses pour les entreprises.
Si certaines mesures préventives peuvent limiter les risques, seule l’intervention d’experts en cybersécurité assure une protection réellement efficace et durable.
Ne sous-estimez pas cette menace : investir dans une défense adaptée est la clé pour sécuriser vos données et maintenir la confiance de vos utilisateurs😎.
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